Écologie
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Avec Brume, Sabrina innove dans le secteur des plantes et s’adapte à ce marché imprévisible depuis 2018. Entre crises sanitaire et énergétique, Brume n’a cessé d’évoluer. En moins de cinq ans, l’entreprise lilloise est passée d’une boutique ambulante locale, au coaching physique en ligne, en passant par un eshop de plantes et d’accessoires à l’échelle nationale.
Entre discussions sur la réalité et l’avenir du marché de la surconsommation des plantes, l’évolution de Brume et ses nouveaux services, Sabrina nous partage sa volonté d’aider les plants addict à entretenir une relation durable avec leurs plantes.
Avant de lancer Brume, je travaillais dans la communication. J’accumulais les plantes en parallèle sans pour autant m’autoriser à dire que ça pouvait être un métier. Un jour, on est allés à Amsterdam. On a visité une célèbre boutique de plantes : j’ai trouvé cette boutique magnifique et je me suis sentie immédiatement à ma place.
J’ai alors lancé le processus de création d’entreprise. Je me suis aussi formée avec des organismes qui aident les créateurs d’entreprise, puis j’ai cherché un local.
Au début, je voulais ouvrir un magasin. Mais entre ce que tu imagines au début et ce que tu fais, il y a un monde. Donc le cheminement s’est fait en discutant avec des commerçants autour de moi et j’ai vu qu’en fait, c’était plus une boutique ambulante qui me disait. J’aime aller à la rencontre des gens, changer régulièrement d’univers, rencontrer d’autres commerçants comme moi. Et c’est comme ça que j’ai lancé la première vente ambulante en 2018 à un salon du vintage.
Donc, l’idée à l’époque était de recréer une boutique de plantes d’intérieur, mais ambulante. Tu arrivais sur le stand et t’avais un immense tapis, des grands meubles chinés et des plantes partout. J’étais là pour conseiller, vendre, parfois les gens venaient me voir seulement ou demander des conseils. Je ne faisais jamais de marchés aux plantes. Alors les gens me disaient que ça leur faisait du bien de voir cette touche de vert dans ces salons avec de grands sourires sur les visages, c’était cool !
J’avais pas connaissance des boutiques ambulantes à l’époque et ce n’était pas encore la grosse « trend » (mode) de la plante verte. Et pendant le confinement, Brume a explosé.
Avant le confinement, je me faisais déjà bien connaître dans la métropole lilloise, je faisais beaucoup de salons, les gens me reconnaissaient dans la rue. Donc pendant le confinement, on ne pouvait plus faire de boutique ambulante… Alors on a rebondit et le site internet est sorti. On ne proposait de vendre qu’à Lille au début et ça a cartonné : les gens étaient fous, le site a chauffé.
À l’époque, tous les weekends on faisait des livraisons dans la métropole de 8h à 20h. Puis j’ai dû sous-traiter à des coursiers à vélo et ça décollé encore plus. J’ai eu des demandes dans toute la France, et c’est comme ça que j’ai lancé les livraisons nationales.
On est partis d’une boutique ambulante locale, qui est devenue un eshop national. Jusqu’à devenir du coaching végétal et un e-shop d’accessoires de plantes.
Tout plaquer n’est pas le mot, j’ai tout préparé en amont. J’ai réussi à quitter mon ancien job avec une rupture conventionnelle pour être au chômage. Car si tu veux des aides à la création d’entreprise en France, il te faut être au chômage.
Et avant même de quitter mon emploi, en parallèle, je m’étais formée dans une des premières boutiques de plantes d’intérieur à Paris, pour solidifier mes connaissances et valider le fait que j’aimais les plantes et en parler. Donc pendant six mois, tous les weekends, j’allais y travailler (en plus de mon travail dans la communication).
Une fois que j’étais sûre de mon projet, j’ai lancé le processus de création d’entreprise. Je suis restée très sécure, surtout financièrement : chômage, accompagnement, aides à la création. J’ai fait ça assez progressivement !
En fait, la peur tu l’as même avant de lancer quoi que ce soit. C’est une partie qui occupe et paralyse le plus ton esprit avant de lancer ton entreprise. Tu réfléchis beaucoup aux erreurs que tu pourrais faire, à l’échec possible, tu as toujours un peu le syndrome de l’imposteur aussi. J’ai eu peur de me lancer dans l’inconnu. Mais cette peur était moins forte que l’ennui que j’avais dans cet ancien job qui ne répondait plus à mes besoins.
Donc oui, j’ai eu peur mais en faisant ça tu repousses tes limites de la peur. Mes peurs d’avant ne sont plus mes peurs d’aujourd’hui. Et en réalité, j’ai continué d’avoir peur pour d’autres choses. On stresse toujours pour quelque chose, mais je suis contente de l’avoir lancé. Ça aurait été dommage de ne pas avoir tenté.
Comme on est du secteur de la communication, on aimait bien l’aspect esthétique des choses. Donc on voulait créer tout un univers. Alors on a fait (et on continuera à faire) des collaborations avec des artistes locaux pour proposer des petites cartes. Sur le stand, on avait aussi un grand panneau réalisé par une artiste. On aimait soigner les détails jusqu’à la boîte des commandes où on collait des stickers et mettait la carte à l’intérieur. L’expérience client est importante. Sur nos réseaux sociaux on aime aussi apporter cet esprit ludique et esthétique autour de la plante.
Jo’ est freelance dans la communication et sa spécialisation sur les réseaux sociaux me permet de m’occuper des autres aspects de son entreprise. Brume reste une entreprise à taille humaine, mon objectif c’était vraiment que les gens se reconnaissent en moi et quand ils me parlent sur les réseaux sociaux, c’est moi qui répond.
Le « J’irai planter chez vous » me prenait déjà du temps à côté, mais restait mineur. Indirectement, je le faisais déjà quand je vendais des plantes. Parce que sur les ventes, je conseillais beaucoup les gens. Souvent ils allaient en jardinerie ou dans des grands événements de vente de plantes et souvent ils achetaient sans savoir comment s’en occuper, donc je faisais le SAV des autres ! Et pareil sur les réseaux sociaux.
Aujourd’hui Brume c’est deux choses :
Pour plein de raisons.
Suite au confinement, il y a eu une grosse demande de plantes. Donc tu te doutes bien que s’il y a une grosse demande, il y aura plein de personnes qui voudront y répondre. Donc juste après le confinement, ça a très bien marché pour Brume mais beaucoup de concurrence s’est développée. Comme les grandes ventes de plantes, à Lille, on en a toutes les semaines ! Les jardineries se sont aussi mises à vendre des plantes rares et beaucoup de eshop ont ouverts.
Ajoute à cela les crises Covid et énergétique, qui ont générées une augmentation chez les producteurs. Donc les coûts de production ont drastiquement augmentés et se sont répercutés sur les prix de vente. Il y a aussi beaucoup de producteurs qui ont dû mettre la clé sous la porte. L’offre s’est donc réduite.
Face à tout ça, moi je suis seule. Je suis une TPE (très petite entreprise), face à de grosses structures. Il y a aussi la face cachée des prix : les cotisations sociales, les impôts, etc. Je ne pouvais pas suivre les prix de plus en plus bas des concurrents.
Donc soit j’augmentais mes prix, soit je mettais ma valeur ajoutée en avant. En fait, depuis le confinement, tout le monde achète des plantes en grande quantité.
Comme les prix baissent chez les grosses structures, les gens se mettent à acheter beaucoup de plantes. En faisant les « J’irai planter chez vous », j’ai remarqué que les gens achètent 10 à 20 plantes d’un coup, alors qu’ils ne savent pas comment s’en occuper ! Et du coup, ils viennent me voir en me disant « Bah en fait il m’en reste deux… ».
Ça m’a fait penser que finalement, ma valeur ajoutée était dans le conseil, de transmettre mes connaissances pour que les gens puissent garder leurs plantes… Et pas qu’ils soient dans une routine « j’achète, je jette, j’achète, je jette ». Je veux qu’ils soient dans la durée et qu’ils gardent leurs plantes. Pour qu’à terme ce soit plus écologique et économique.
La passion des plantes est un peu comparable à la fast fashion. On est dans une surconsommation : c’est pas parce que c’est pas cher, qu’il faut acheter !
Il faut acheter doucement, progressivement et après on peut continuer à en acheter d’autres. Avant tout, faut savoir s’en occuper, connaître ses propres capacités d’entretien. Et c’est ça que je veux transmettre et instaurer chez les gens, qu’ils comprennent comment prendre soin des plantes pour les garder plus longtemps (et économiser de l’argent).
Donc voilà comment est venu mon cheminement pour contribuer à garder des plantes chez les gens. Maintenant que tout le monde a des plantes chez soi, on va tâcher de les garder !
J’y avais pensé dès le départ. Mais faire sa production, vendre, faire sa com…. Il faut être plusieurs en fait ! Humainement, je n’aurais pas pu tout gérer, et ce n’est finalement pas la partie que je préfèrerais.
Il aurait fallu faire que des boutures, car si tu veux des plantes aussi grosses qu’en boutique, il faudrait une serre et anticiper plusieurs années à l’avance et les coûts de production seraient énormes ! Je voulais du contact direct, que ce soit effectif, que je vois les gens. Sinon je serais tout le temps dans ma serre. Et je trouve que c’est un autre métier finalement. Donc j’ai abandonné l’idée.
J’ai un peu la tête dedans donc je vais manquer un peu de recul dessus. Mais on voit que la tendance retombe un peu. Mais comme toute tendance, il restera quelques fidèles de la plante qui vont continuer.
J’aurais envie de te dire que ça va se stabiliser, et qu’il y aura deux tendances :
Après je n’ai pas de boule de cristal. Il y a pleins de paramètres qui vont arriver en compte. Je reste persuadée que la crise énergétique va avoir un impact à long terme sur le prix des plantes donc on verra qui va rester sur le marché. Mais ça reste mon point de vue !
Ce qu’il ne faut pas oublier dans la création d’entreprises, et peu importe quelle entreprise « d’achat-revente », c’est que l’entreprise reste un business, un commerce. Entre s’occuper des plantes et vendre des plantes, il y a tout l’aspect « commercial » qu’il ne faut pas oublier avec toute la communication qui est très importante. Il faut être à 200% sur les réseaux sociaux, ça prend un temps fou !
J’en ai souvent parlé aux gens qui me posent la question. Il faut éviter d’idéaliser, de fantasmer la création d’entreprise et d’être pragmatique. Il ne faut vraiment pas hésiter à poser des questions, faire des stages pour bien voir la réalité des choses.
Alors mon conseil serait : expérimentez, mais n’oubliez pas que ça reste du commerce.
Ça reste du ressenti personnel évidemment, certains vont exceller dans des domaines de l’entrepreneuriat plus que d’autres. Quand tu ouvres ta boite, tu doit avoir des millions de talents. Mais tu vas apprendre tellement de choses qu’en général tu t’en sortiras avec tout. Mais il y a beaucoup de choses à connaître.
Je me suis lancée totalement seule, je ne souhaitais pas faire d’emprunt aux banques, j’ai fait ma propre com avec Jo’, mon propre site, la gestion des stocks et j’avais juste un comptable (s’il y a bien un budget que je conseille aux gens, c’est le comptable).
J’essayais de faire les prix les plus justes, parce que je voyais très bien les commentaires passer du type « C’est quoi cette plante à ce prix là, c’est des voleurs ». Mais j’ai envie de dire « vous ne connaissez pas tout l’aspect caché derrière le prix d’une plante » : je n’ai jamais été riche en vendant des plantes !
Donc, il faut donc se dire que la création d’entreprise, d’un e-shop de plantes, reste la partie émergée de l’iceberg. À part la compta j’ai tout fait toute seule, car je voulais que ça reste à taille humaine.
Un grand merci à Sabrina pour cette interview particulièrement enrichissante.
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